Chaque fois que j'allume la forge et que je regarde l'acier devenir rouge, je me pose trois questions.

— Cette lame apportera-t-elle joie et émotion à son utilisateur ?

Un couteau qui coupe simplement ne suffit pas. Il doit être fluide dans la main du cuisinier, équilibré et trancher avec une sensation de satisfaction.

Ce n’est que lorsqu’une lame possède quelque chose de plus qu’une fonction – quelque chose qui touche le cœur – qu’elle devient un véritable outil.

— Est-ce que ce travail est quelque chose dont je peux être fier parmi mes pairs ?

L'acier est honnête. Il ne rend que ce que vous y mettez. Tout compromis se verra.

Si les jeunes artisans voient mon travail et disent : « Je veux être comme ça un jour », il n’y a pas de plus grand honneur.

Gagner le respect de vos collègues artisans signifie se reforger constamment.

— Cette lame contribue-t-elle à la survie de notre atelier ?

Aussi noble soit-il, le métier ne peut perdurer sans soutien.

Un couteau doit se vendre, apporter satisfaction au client et nous permettre d’acheter le prochain lot d’acier.

C'est le rythme quotidien de la création et du commerce qui protège cet atelier et nourrit les futurs artisans.

Le forgeage ne consiste pas simplement à marteler le métal.

C'est l'acte de graver sa résolution et sa sincérité dans l'acier.

Tant que je me tiendrai devant le feu, je m’accrocherai à ces trois intentions et j’affronterai l’acier avec tout ce que j’ai.