Chaque fois que je forge un couteau japonais, je ressens la présence du destin. Lorsque l’acier devient rouge dans le feu et rencontre ensuite le contact glacial de l’eau, il révèle sa véritable nature. C’est comme si l’acier me parlait et me déclarait : « C’est ainsi que je souhaite être. »

En tant qu’artisan, mon rôle est d’écouter la voix de l’acier et de guider sa volonté dans la forme d’un couteau. Parfois, l’acier peut se briser ou se fissurer, mais cela aussi est le destin. Forcer la matière serait trahir sa nature. Au contraire, mon devoir est de travailler en harmonie avec elle, en faisant de mon mieux à chaque instant.

L'éclat d'une lame reflète bien plus qu'une simple habileté. Elle incarne les forces de la nature, la maîtrise de l'artisanat et l'humilité d'accepter le destin. C'est cette philosophie qui élève un couteau japonais au-delà du simple outil : il devient une œuvre d'art, imprégnée d'un but.

Une fois que la lame arrive entre les mains de son utilisateur, elle entreprend un nouveau voyage, se forgeant un nouveau destin. En cela, chaque couteau est unique, une véritable expression de « ichi-go ichi-e », la beauté d'une rencontre unique dans une vie.